La tuerie d'octobre, de Wessel Ebersohn

Comme son nom le suggère, ce roman est bien un polar. Ce qu'il n'indique pas, c'est que c'est un polar qui se déroule en Afrique du Sud, dans la société de "l'après Apartheid" en équilibre précaire, entre les mesures visant à favoriser l'ascension de personnalité de couleur noire aux postes à responsabilité, et l'impossibilité plus ou moins assumée de ne pas avoir "sorti" ceux qui ont soutenu l'ancien régime et ses discriminations.

L'héroïne, Abigail Bukula, juriste, est un haut fonctionnaire au ministère de la justice. Avec son mari, en ascension dans le monde de la presse, ils représentent ces personnalités de couleur noire à qui sont confiées des postes à responsabilité. (Même si ce n'est pas le sujet principal du roman, il est intéressant de voir comment ces protagonistes vivent avec la question du poids, dans leur parcours respectif, de la discrimination "positive" par rapport à leurs mérites propres). Alors qu'Abigail prépare, avec son assistante Johanna, une conférence sur la parité homme-femme, un homme blanc, Louis, ancien membre d'un commando militaire, vient la trouver et déclenche ainsi une chasse à l'homme.

Le jeune Louis a participé, du temps de l'aparthied, à un raid visant à tuer un groupe de militants de l'AMC dont faisaient partie les parents d'Abigail. En s'opposant à son chef, il réussit à préserver la vie d'Abigail, 15 ans, qui vient de voir ses 2 parents assassinés. En ce mois d'octobre 2005, Louis a découvert que les membres de cet ancien commando meurrent un à un, chacun assassiné un 22 octobre avec un même mode opératoire: égorgé par une corde de piano. Et Louis craint d'être le prochain.

Même si Abigail avait enfoui au fond d'elle-même cet épisode traumatisant, elle va mobiliser une énergie étonnante pour aider Louis.

Le polar est haletant, et les thèmes traités riches et font écho.

de Wessel Ebersohn, Rivages noir (2014) (2010 the October Killings)